L_esprit_de_cour.jpgJe viens de refermer la dernière page du livre de Dominique de Villepin: "De l'esprit de cour".

Je trouve cet essai courageux et franc. Les mots sont clairs, précis, chirurgicaux...et vous n'y trouverez aucune "langue de bois".

Ce témoignage d'un ancien premier Ministre, responsable du mouvement politique auquel j'appartiens, me rassure...

Non, ils ne sont pas "tous pareils", non ils ne pensent pas tous à leur propre situation ou à leurs intérêts personnels...

Et ce livre ouvre le rideau de la scène politique, pour nous montrer, dans sa plus grande crudité, la cupidité des hommes de cour, alors bien sûr, ce livre dérange...

Les réactions suscitées par le livre et les propos de Dominique de Villepin face au micro d'Europe1, dimanche dernier, sont à la hauteur de la rage qu'ils ont déclenchée. Cette courtisanerie évoluant, avec ses codes, dans le microcosme politique, est révoltée d'être ainsi découverte et mise à nue devant le peuple français...qui, lui, est dans les conséquences de la crise, au quotidien.

D'ailleurs, qu'elle meilleure preuve de la justesse de cet essai pourrions-nous trouver que ces réactions en chaîne, toutes plus violentes les unes que les autres, qui portent en elles, la preuve que l'analyse de Dominique de Villepin est juste?

Et ça ne fait pas beau dans le décor, comprenez-vous? Car pour qu'ils puissent perdurer et continuer de jouir de leur état de courtisan, ils sont, hélas, non seulement soumis au regard et au jugement du Prince, mais aussi, à plus ou moins long terme, aux fourches caudines des électeurs...qui sont hélas lecteurs, auditeurs, spectateurs...Les courtisans étaient si bien dans leur petit monde, et voilà qu'un malotru s'avise de secouer la corne d'abondance!

Ainsi cette phrase p 210:

" Il (NS) a fait ainsi prospérer une cour invraisemblable de perroquets apeurés distillant en boucle les mêmes éléments de langage, de flatteurs impénitents, de roseaux plus penchés que pensant qui ne vivent qu'à travers le regard du Prince."


Mais comment peut-il en être autrement puisque Nicolas Sarkozy a poussé au paroxysme les pratiques de cour et qu'il n'est pas, lui-même, exemplaire?

p 207: " L'homme (NS) n'a pas de surmoi et veut être aimé pour ce qu'il est. Il s'est forgé une vision de la France qui lui ressemble, c'est à dire individualiste, avide de réussite sociale et personnelle, obsédée par les biens matériels et indifférente à l'histoire."

Ou encore p 211: "Nicolas Sarkozy a innové en inventant une cour à son image. Elle a la peur comme moyen, l'argent comme fin et le spectacle médiatique comme théâtre de sa mise en scène narcissique."


Certains journalistes avancent l'idée que l'esprit de cour a toujours existé, que ce n'est pas un fait nouveau, c'est un trait de la nature humaine, et c'est exact.

Mais quels avantages à le faire prospérer, et à l'exacerber, si ce n'est pour une complaisance narcissique dénuée d'attrait pour l'intérêt général? Car plus on nourrit les intérêts particuliers, plus on s'écarte d'une vie sociétale pacifiée. C'est un comportement qui va à l'encontre de l'exemplarité que devrait donner le chef de l'état, Charles de Gaulle l’avait bien compris….

Extrait : Certains Présidents, tel " Jacques Chirac avait ses antidotes personnels. Dès qu'il sentait approcher le cynisme, la flatterie ou le jargon de la technocratie, il inventait tantôt un légendaire instituteur de Corrèze qui, prétendait-il, lui avait ouvert les yeux sur des projets fumeux, tantôt un maire d'un petit village au solide bon sens..."

République Solidaire trace avec fierté son sillon avec Dominique de Villepin. Il n'a jamais été élu, je commence à penser que c'est une chance inespérée...