Faisant suite à l'actualité de la visite du Président Palestinien Mahmoud Abbas, en France, je vous livre içi, l'intervention que j'avais faite au conseil municipal de Lille du 23 mars 2009, dans le cadre des jumelages de Lille.

Vous avez accepté, madame le Maire que l’opposition participe au déplacement d’élus lillois, dans le cadre des jumelages de la ville avec NAPLOUSE, SAFED et HAIFA, et je vous en remercie.
Le cadre des objectifs d’un jumelage est fixé et connu de tous : réconciliation, promotion de la Paix, développement, et coopération- décentralisée, dans les limites des compétences des villes et dans le respect des engagements internationaux de la France La feuille de route est donc clairement définie.
Cette compétence des villes de créer des liens pour confronter leurs problèmes, partager leurs réussites ou pour développer entre elles des liens d'amitié de plus en plus étroits est tout à fait essentielle.
L’opposition est partie prenante et volontaire pour travailler aujourd’hui, comme à l’avenir, sur ce dossier des jumelages de notre ville et donner ainsi aux lillois notre point de vue.
Pour ce qui concerne le jumelage de notre ville avec Naplouse et Safed, j’ai entendu vos objectifs, ils paraissent identiques aux notres, cependant vos actions sont en déséquilibre.
Et nous devons revenir aux fondamentaux de ce jumelage.
Après avoir créé le jumelage avec SAFED (1988) ville d’Israël, notre ville 10 ans plus tard, s’engage dans un nouveau jumelage avec NAPLOUSE, ville de Palestine… vous venez de le rappeler
La raison même de cette double volonté politique de Pierre MAUROY, pour notre ville, de s’engager dans un « mariage » à vie… avec ces deux villes, réside dans son ambition politique de travailler à l’échelle de la ville, à une réconciliation future…
Le conflit entre ces deux pays perdure depuis plus de 40 ans. Ce jumelage n’est pas un jumelage « classique », puisqu’il s’inscrit dans un contexte politique difficile au proche orient...
Si votre volonté s’inscrit dans la même veine politique que celle de Pierre MAUROY, à savoir : Promouvoir la paix, alors il vous faut réorienter vos actions pour trouver un nouvel équilibre avec SAFED et NAPLOUSE.
La politique du jumelage avec ces deux villes doit s’inscrire dans un triangle équilatéral d’échanges, pour conforter, créer, ou recréer, des liens entre LILLE et SAFED, entre SAFED et NAPLOUSE, et intégrer, à présent HAIFA qui sollicite notre ville pour des compétences technologiques et médicales.
Le village pour la Paix, initié à Lille, l’année dernière va dans ce sens, mais ce type d’action reste, malheureusement, à ce jour, isolé.
En mettant prioritairement l’accent politique sur le jumelage entre LILLE / NAPLOUSE ; en créant EURO NAPLOUSE (pour mobiliser et mettre en synergie les moyens humains et financiers de villes Européennes sur NAPLOUSE) ; en acceptant une nouvelle coopération qui reste, à ce jour, binaire entre LILLE et HAIFA , LILLE ne remplit qu’une partie de ses responsabilités : elle met, de fait, la promotion de la Paix au proche orient, au second plan de ses priorités, oubliant ainsi le premier sens politique de ces jumelages : « la réconciliation » et la « promotion de la Paix ».
Pourtant, des volontés existent, sur place, au proche orient, de chaque côté des frontières pour aller vers l’autre et construire ensemble.
La ville de Lille doit intégrer cette responsabilité politique, et s’engager, sur trois points:
1er point : Le Maire de LILLE doit saisir la main tendue du nouveau Maire de SAFED, qui souhaite : - réactiver un jumelage endormi, notamment parce que SAFED est une ville très francophone - initier et créer des passerelles entre nos trois villes.
Une rencontre, qui n’était pas prévue par Lille, mais néanmoins souhaitée par le nouveau Maire de SAFED, et madame la Consul de France a eu lieu au Consulat Français d’HAIFA.
Madame BERGERON, Consul de France à HAIFA vous a dit son souhait d’être à vos côtés dans cette reprise des liens avec SAFED et a proposé que le nouveau Maire de SAFED vous écrive une lettre, pour reprendre le contact. Elle a également dit qu’elle irait, de nouveau, à SAFED pour parler des liens entre nos deux villes qui pourraient reprendre, je la cite : « Nous, la France, nous sommes présents, et le Consul représentera la Mairie de Lille, pour marquer le coup, politiquement. »
2ème point : La création d’EURONAPLOUSE est une action intéressante, mais qui doit absolument s’ouvrir à SAFED et HAIFA. LILLE doit promouvoir ce choix auprès des autres villes européennes qui ne sont d’ailleurs pas toutes jumelées avec une ville d’Israël. En occultant cette responsabilité politique, en fermant le dispositif européen sur Naplouse, Lille ferait de fait, le jeu d’une alliance d’exclusion …des villes d’ISRAEL
Enfin 3ème point - la nouvelle coopération entre LILLE et HAIFA doit aussi tisser des liens avec NAPLOUSE, le maire y est d’ailleurs favorable, il l’a dit expressément, lors de notre rencontre…
Autre sujet sur lequel je souhaite débattre : la question financière liée à ces jumelages.
Le budget consacré par la Ville pour NAPLOUSE est annuellement de 50 000 euros, vous voyez, j’ai rectifié, madame Bresson, mais cela reste insuffisant… Quant à SAFED aucun budget n’est prévu actuellement. Ceci pour un budget total de la ville pour ses « jumelages » d’environ 500 000 euros annuel. Ce qui est peu, en comparaison d’autres villes de France…
Pourtant, des partenariats financiers existent et pourraient être actionnés, mais ils restent en sommeil.
Lorsque je vous ai posé, madame Bresson, à Naplouse, la question des financements européens, vous m’avez dit ne pas les solliciter car ils étaient, administrativement, trop complexes à demander…
Si vous rencontrez des difficultés sur le montage des dossiers, je vous suggère, très cordialement, de solliciter, dans nos rangs respectifs, les élus municipaux, parlementaires européens actuels ou à venir…Nul doute qu’ils seront heureux de mettre leurs compétences au service de notre ville… Autre source de financement possible : L’Aide Publique au Développement de la part de l’état français, elle s’était montée en 2005 à 76000 euros, pour les actions de la ville envers NAPLOUSE, mais quand est-il aujourd’hui ?
Enfin, aucune demande financière n’a été faite par la ville de Lille au consulat de France, notamment à HAIFA, le consulat s’en est d’ailleurs étonnée et vous a proposé de soutenir les demandes financières de notre ville, sur des projets (respectivement par tiers de budget entre la ville, le ministère des affaires étrangères et le Quay d’Orsay).

On le voit bien, la ville doit être plus ambitieuse dans son implication, et dans ses sollicitations financières.

Elle pourra ainsi dépasser le rôle de « facilitateur de contacts », ou de médiateur entre partenaires et acteurs économiques, culturels ou sociaux pour apporter des aides financières conséquentes aux projets locaux qui végètent ou qui sont en attente.
Beaucoup reste à faire, je souhaite, aujourd’hui, dans un esprit constructif et ouvert, apporter aux lillois et à la municipalité, le point de vue politique du groupe Union Pour Lille, sur un sujet qui pourrait paraître secondaire dans notre pays pacifié, mais qui revêt une importance capitale si l’on considère l’émotion et les réactions fortes de notre population au regard du conflit Israelo-Palestinien...