la_deesse.jpg Oui, la politique de l’emploi est d’abord une affaire nationale, et la hausse du chômage, en France, se portant à 10,8 % est une immense déception, d’autant que ce sont les jeunes qui sont les plus touchés avec les seniors. Mais madame le Maire a qualifié elle-même de grande cause municipale ce sujet, elle l’a classé en troisième priorité, et les résultats Lillois sont ventés par la candidate AUBRY sur la scène nationale, comme sur la scène locale, d’ailleurs…

Alors, ouvrons le dossier…Quelles étaient les promesses municipales de campagne de madame AUBRY en 2008 ? la création de 15000 emplois sur le bassin de Lille...

Où en sommes-nous, aujourd’hui ? 3700 emplois au bout de 3 années de mandat (chiffre du bilan de mi-mandat)… soit 25 % de la promesse à mi-mandat ! On nous dit que les Grands Projets sont utiles au rayonnement Lillois, dont acte, mais combien d’années faudra-t-il encore attendre pour que ce rayonnement impacte la courbe du retours à l’emploi des Lillois ? L’arrivée de nouveaux cadres est à la marge sur le secteur de l’emploi, il n’a guère d’entraînement sur les autres emplois…Et le tertiaire ne peut plus tout, mais on continue sur ce seul créneau…

Faut-il rappeler que 15,8 % des Lillois sont au chômage dont 19% sont des jeunes de moins de 25 ans (source : DRANPE Observatoire) ? Que nous atteignons 40 % dans les quartiers en lourdes difficultés sociales. Que 50,7 % des foyers fiscaux sont non imposables ? Que 16320 allocataires bénéficient du RSA, et tout cela, alors que la ville consacre, année après année, des millions d’euros au rayonnement Lillois, la fameuse « Lille Touch » de madame AUBRY … Où sont les résultats ?

Quant au budget de l’emploi, il représente 11,5 millions d’euros, (en 2008 il était de 9,5 millions d’euros) soit deux millions d’euros affectés en plus, à cette politique de l’emploi depuis 3 ans, on trouve ici les limites de l’envolée économique municipale. Pour 100 euros dépensés, 2 euros vont à l’économie et l’emploi !La dernière proposition est l’implantation d’une nouvelle maison de l’emploi, qui va coûter 5 millions d’euros, dont près de 4 pour la participation ville, soit la moitié du budget dédié à l’emploi, la priorité est-elle là ? La solidarité devrait trouver une déclinaison politique prioritaire sur le dossier de l’économie et de l’emploi… Ce n’est pas le cas : Pour la mission locale, 265 jeunes seulement ont suivi un atelier de sensibilisation aux métiers porteurs…sur 6873 jeunes accueillis et seulement 179 entreprises sur les 19473 que compte la ville sont en partenariat actif avec la mission locale, soit moins d’1%…Comment s’en satisfaire ?

Le dossier du Faubourg des modes : Ce n’est pas faute, pour les collectivités locales (Lille, Roubaix, la Communauté Urbaine, le Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais, le Conseil Général du Nord et l'Union Européenne) d’avoir mis la main au porte-monnaie : près de 22 millions d’euros d’argent public dans ce projet ! Excusez du peu ! …Mais combien d’emplois créés ?

Au conseil municipal du 10 Mai 2010, pour Lille Sud, Pierre de Saintignon nous promettait 900 emplois pour les jeunes de Lille Sud, et nous avons voté la délibération en soulignant que nous serions vigilantes, dans la réalisation de ces promesses… … le 21 novembre 2010, il ne parlait plus que de 600 emplois… Aujourd’hui, Martine Aubry recule…le 28 mai dernier, elle déclarait : « L'engagement ne se fait pas sur les 900 emplois. Il se fait sur la démarche. » C’est ce genre nuance de qui vous cadre tout de suite le champ des possibles…

Idem pour Btwin village : des promesses d’emploi en veux-tu, en voilà, 300 emplois annoncés (en tout 500 , mais 200 venaient de Villeneuve d’Ascq), mais combien d’habitants du Petit Maroc sont restés sur « le carreau », on parle de 4 salariés venant du petit Maroc et un de l’ancienne usine (rappel il y avait eu 540 licenciements lors de la fermeture d’Altadis!)

Il aura fallu aussi attendre mai 2011 pour voir se créer, par le biais de la Maison de l’Emploi pourtant installée depuis 2007, et qui compte 10 animateurs… un « circuit court » entre des jeunes Lillois en recherche d’emploi et 27 chefs d’entreprise…Pour un espoir potentiel de 2000 remises à l’emploi, dans les deux ans qui viennent… Que de temps perdu avant de rassembler les chefs d’entreprises autour d’une table! Et les mots « ESPOIR POTENTIEL » résonnent encore comme un « coup de com », c’est de l’esbroufe !

Autre ballet de chiffres complètements farfelus lancés à la cantonade par un Pierre de Saintignon, en verve, qui double les vrais chiffres, en annonçant au conseil municipal de mai 2010, 500 emplois créés au casino Barrière, alors qu’en décembre de la même année, dans Lille Magazine, ces chiffres sont démentis par ses propres services, nous sommes à 279 salariés au Casino Barrière dont 125 Lillois…Aurait-on face à nous le cousin de Pinocchio ?!

Je ne dis pas que rien ne se fait, je dis que l’on perd du temps, qu’on gonfle les chiffres pour servir une « com », et qu’entre les annonces et la réalité il y a une très, trop grosse marge. Il faut être sérieux… Les gens prennent ensuite de plein fouet une réalité qui est encore plus dure à vivre…

Autres problèmes : Il n’y a aucune politique de réservation foncière à destination économique (or Tertiaire), ce qui freine l’implantation de nouvelles PMI, petites ou grosses…confrontées aux coût du foncier. De plus la dominance du tertiaire ne permet pas une palette d’emplois en adéquation avec les potentialités des demandeurs d’emplois…

Même analyse pour faciliter l’implantation et la création de PME commerce et artisanat … Pourquoi ne pas définir, notamment dans notre centre ville, qui se bancarise ou qui se laisse envahir par la téléphonie mobile, un périmètre - comme l’a fait par exemple Bordeaux-  pour développer le commerce, ils ont utilisé dès janvier 2008, leur  droit à la préemption, sur les fonds de commerce, fonds artisanaux et baux commerciaux sur un périmètre de la ville…

A Lille, par idéologie, la municipalité ne veut pas avoir recours à la Loi Dutreil, nous n’utilisons pas ce droit comme nous le pourrions ! nous n’exerçons ce droit qu’occasionnellement et ponctuellement (ex : le Bazar de Wazemmes), cela n’a donc pas de réel impact en terme de dynamisme sur l’échelle d’un quartier.

Non seulement nous nous privons d’un outil qui pourrait nous permettre de revitaliser notre centre ville, mais par ce biais nous pourrions aussi modérer le développement d’un même type de commerce, par rue…Le dynamisme économique et de l’emploi, c’est possible aujourd’hui dans d’autres villes, elles sont pourtant confrontées, elles aussi, aux difficultés de la crise, c’est donc bien une aptitude et une responsabilité politique locale.

Exemples:

- Marseille qui s'appuie sur un programme d'action précis jusqu'en 2014 qui devrait permettre la création de 30 à 35 000 emplois avec les axes suivants : soutien à la formation supérieure, la recherche et le développement, restructuration et dynamisation des bassins portuaires, développement d'une offre foncière, soutien à l'innovation industrielle via les pôles de compétitivité. Elle affiche une politique volontariste en matière d'emplois avec la création de zones franches urbaines et le Grand Projet de ville, politique qui porte ses fruits puisqu'en 10 ans le taux de chômage a baissé significativement de 10%... A Lille ? en 10 ans il a augmenter de près de 2 % (Chiffres INSEE : en 2001 : 9,3%, en 2011 :11,1%)

- Toulouse qui caracole dans les classements, en tête du peloton des grandes villes de France dynamiques, créatrices d'emploi et qui s’enrichie de 7000 nouveaux habitants annuels…Comparez avec Lille : en 12 années 14000 nouveaux habitants ! (chiffres site ville de Lille)…Où est l’attractivité ?

- Lyon qui affiche une ambition européenne : Faire entrer la cité lyonnaise dans le club des 15 premières métropoles européennes, voilà ce qui motive tous les acteurs économiques de l'agglomération et du Grand Lyon. Notre position géographique, au coeur de l’Europe pourrait nous mettre en pôle position. Ce n’est pas le cas…Et on ne me ferra pas croire à l’impuissance politique d’un Maire d’une grande ville. Le groupe australien de consulting 2thinknow (qui dédie ses activités à l’innovation urbaine, dévoile un classement des villes les plus innovantes du monde, résultat d’un travail de fourmi et d’analyse de plus de 162 indicateurs différents. Ce classement est réalisé d’après certains facteurs évidents comme la santé ou l’économie locale mais fait la part belle à d’autres plus inattendus, comme la culture. Début 2011, ce groupe a publié son classement des villes les plus innovantes (classement mondial). Dans le Top 100 des villes figurent Paris (2e), Lyon (9e). qui progresse d’une place depuis l’année dernière. On retrouve également les villes de Strasbourg (33e), Nantes (36e), Marseille (38e), Toulouse (41e), Bordeaux (43e), Montpellier (57e), Reims (77e), Nice (86e).

Lille n’y est pas… Il ne sert à rien de maquiller la réalité et de faire semblant d’avoir des résultats sur ce dossier.

La magicienne Martine Aubry ne transforme pas en or, tout ce qu’elle touche…

Nous aimons notre ville, nous voulons ce qu’il y a de mieux pour elle et ses habitants. Nous avons d’énormes potentiels (un vivier de grandes écoles, d’universités, des grands patrons précurseurs sur la métropole, des jeunes inventifs et dynamiques, un réseau conséquent de transports, mais il faut dire des choses : Nous ne devons pas nous satisfaire de la situation actuelle, il faut mettre les bouchées doubles…Au national comme au local !

Soyons des partenaires actifs et réactifs aux demandes d’implantation de PME/PMI, en les anticipant, en les permettant, puisque les viviers d’emplois sont surtout là.

Soyons lucides (limites du tertiaire), cohérents (jardin des modes), visionnaires sur les champs des possibles en nous faisant aider de professionnels de l’économie et du développement urbain qui pourraient nous aider à avoir des résultats.

Créons une « chaîne de l’emploi », où chaque maillon est relié à l’autre. Aucun jeune ne devrait plus dire : je ne savais pas que ça existait…Aucun patron ne devrait dire : je n’ai pas de postulant, aucune PME/PMI ne devrait plus dire : je ne peux pas m’installer à Lille, c’est trop cher, il n’y a pas de terrain.…Mettons du lien entre tous les acteurs… Impulsons, facilitons…

Alors nous serons capables de relever le défi économique et de l’emploi dans notre ville.