av_peuple_belge.jpgIntervention lors du Conseil Municipal du 17 février 2011


Madame le Maire, chers collègues,

Nous prenons connaissance, avec ravissement, de ce rapport, et je salue l’obsession d’Eric Quiquet à vouloir communiquer sur sa volonté d’améliorer nos espaces verts, d’étendre les surfaces dans la ville, car c’est difficile…de vouloir préserver coûte que coûte ces espaces verts où nos jeunes peuvent jouer, courir, les familles pique niquer, se promener dès les premiers rayons de soleil…Ces jardins de poche amoureusement mis en valeur…

Oui, c’est le joli monde tout vert, tout rose, de monsieur Quiquet... Quelle souffrance, quel arrache cœur a donc dû être pour vous, les Verts, d’accepter les conséquences d’un futur chantier Lillois, que vous défendez, pourtant, et c’est à ni rien comprendre, avec une ferveur inégalée…

Je veux parler de la séquence 1 des rives du canal de la Basse-Deûle : Une quarantaine de tilleuls et autres arbres centenaires qui vont être arrachés, des espaces verts qui vont être engloutis sous les flots, des abeilles qui ne pourront plus butiner les petites fleurs devant l’IAE…pour le miel de nos ruches.

Ce rapport arrive à point nommé ! Non seulement, il me permet de dire notre accord sur la nécessité de développer une politique de préservation, et d’extension de la nature à Lille, mais il m’offre l’occasion de souligner vos contradictions politiques…Vous voulez des espaces verts, mais vous les rasez sans état d’âme et vous les confisquez aux lillois, dès lors qu’il s’agit de promouvoir la campagne socialiste ou présidentielle, on ne sait plus très bien, du Maire de Lille…!


Et ce rapport illustre le fossé, j’allais dire le canal, qu’il y a entre vous et les Lillois …

On a bien compris que tout ce qui se fait à LILLE doit servir cette preuve lilloise...Mais, aujourd’hui, « sonner du clairon » sur l'urgence d'exécuter des travaux pharaoniques en temps de crise, en injectant près de 9, 8 millions d'euros de finances VILLE, moi ça ne me convient pas!

Comment peut-on expliquer aux Lillois que dans leur vie quotidienne, pour les trottoirs, les pistes cyclables, les places en crèche, le stationnement payant le midi, la propreté, la précarité des emplois municipaux, l'accessibilité de la ville aux personnes âgées ou handicapées, voir la destruction d’espaces verts, il faudra qu'ils patientent, ou qu'ils fassent avec et pour satisfaire un calendrier électoral national, donner la priorité à un canal bétonné dans le Vieux LILLE ?

Aujourd’hui, nous souhaitons que la séquence 1 du Plan Bleu soit abandonnée car dans le contexte de crise sociale actuelle et au vue des arguments que vous défendez, cette séquence ne se justifie pas. Quels sont ces arguments?

- 1er argument: Economique « ce projet créerait une attraction touristique et des retombées économiques »…



Argument alléchant, mais étayé par aucun chiffre sur le nombre d’emplois créés, ni par aucune étude qui puisse corroborer cette affirmation.... En quoi un tronçon de canal, où des bateaux y feraient demi tour, deviendrait-il soudain une attraction économique et touristique internationale? Seules les séquences 2 et 3 du Plan bleu, en lien avec le Port de Lille .peuvent, avec le projet du futur Centre multimodal de distribution urbaine, accolé au PICOM ( pôle de compétitivité des industries du commerce), trouver leur complémentarité économique et environnementale.

- 2ème argument : Le Respect du Projet Municipal 2008

Mais respecter vos engagements, Madame le Maire, vous empêche-t-il d’être à l’écoute des Lillois? A la réunion de concertation du 3 février dernier, 400 personnes du Vieux Lille ont exprimé leurs craintes et interrogations face à ce projet... Pourquoi devant un tel scepticisme ne pas proposer au conseil municipal, comme le précise la loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l’organisation décentralisée de la République, d’organiser un référendum local …..? Ce serait là un excellent moyen de mesurer l'engouement des Lillois... Vous savez bien que cette possibilité vous est offerte… Pourquoi ne pas l’engager ? craignez-vous la réponse citoyenne?

- 3eme argument : le Conservatisme des Lillois

Durant la réunion du 3 février dernier, vous avez comparé, monsieur Quiquet, la réticence des personnes présentes à celle qu'avaient eu les Lillois pour le projet de JB Lebas, lors de la transformation du parking sauvage...Mais les conséquences de ce projet JB Lebas n'ont rien à voir avec celles qui seraient générées par la remise en eau du Peuple Belge : Ici, il est question de modifier et limiter la circulation, de rétrécir les voies, d' abattre des arbres, de supprimer des espaces verts, d'aménager les bords de rives, et d'y faire circuler des bateaux à moteur…Bref, de chambouler la vie quotidienne des habitants de tout un quartier...Souffrez qu’ils s’expriment pour donner un avis contraire au votre !



- 4 eme argument : La mixité sociale et la circulation des habitants…

Je lis dans le supplément Lille magazine, de février, sur la séquence 1 du projet : « Cela faciliterait la circulation entre les quartiers aujourd’hui isolés de SAINT SEBASTIEN, CHURCHILL et les BATELIERS »…C’est une vue de l’esprit ? Vous voulez séparer ces immeubles par un canal de 20 mètres de large, en lieu et place des routes et espaces verts existants? Et vous dites que cela permettra aux habitants de mieux circuler ? Mais ce n’est pas une continuité urbaine que vous leur offrez, c’est une véritable rupture urbaine, avec, pour le quartier Winston Churchill un enclavement entre le périphérique et le canal …Mais, qu’ils se rassurent : vous allez leur créer un Pont ! pour qu’ils puissent passer sur l’autre rive ! Vous parlez d’une circulation améliorée !

- Enfin dernier argument. L’appel à l’histoire de Lille !

« il faut renouer avec le passé historique Lillois, avec la remise en eau de ses anciens canaux » ... Outre cette vision passéiste, car pour justifier le creusement du canal avenue du Peuple Belge, il faut quand même remonter à avant 1877… C’est surtout l’histoire de cette ville qui est balayée d’un revers de main… 1877 est l’époque où débutèrent les travaux de comblement des canaux, qui furent accélérés et finalisés en 1930 par la volonté de Roger Salengro…Il ne fut d’ailleurs jamais démenti sur sa politique de comblement des canaux, par les Maires qui lui ont succédé, de droite ou de gauche…Car ses successeurs ont voulu poursuivre son dessein : l’assainissement et la réhabilitation du quartier du Vieux Lille, sans sa remise en eau. Les grands chantiers qui ont pris corps, ensuite, sous Pierre Mauroy, l’ont été sur des terres vierges de construction ou sur d’anciennes friches industrielles (TGV, Euralille et Euratechnologie). Cette histoire appartient, à présent, à chaque Lillois. Mais votre dessein politique n’est pas de vous limiter à prolonger ces projets qui portent la marque de vos prédécesseurs.

Votre destin politique doit passer par un nouveau et rapide projet urbanistique à Lille , le votre …L’avenir nous dira si votre dessein profitera à votre destin politique…En attendant les Lillois seront relégués au rang de spectateurs…et de payeurs.

Mesdames, messieurs, merci pour votre attention.